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notice

Ses listes, telles que nous les connaissons, portent le règne de ce Thouôris à sept ans, et les dates tirées des papyrus hiératiques de Turin, ne lui en comptent que six entiers. Mais cette différence s’explique très-bien par la méthode égyptienne qui a servi à la rédaction de ces listes : en comptant à chaque prince les années de son règne depuis le premier jour de l’année de son avénement, les fractions de l’année de sa mort étaient assignées à son successeur ; et si Thouôris régna 6 années entières et quelques mois, il put dater des actes de la 7e année, sans qu’on accordât à son règne plus que les six années entières, comme le montre le registre public cité à la page 95 de cette seconde Lettre. On sait que les dates inscrites sur les médailles grecques et romaines frappées en Égypte, sont réglées par une méthode absolument opposée, qui produisait un double emploi de chacune des années où un règne se renouvelait, l’année de ce nouveau règne étant à la fois la dernière du prince qui mourait et la première de son successeur. Cette confusion va jusqu’à nous montrer des dates de la 2e année d’un prince qui ne régna réellement que quelques mois ; tel fut Galba : j’ai expliqué ailleurs[1] cette singulière supputation du temps,

  1. V. dans mes Annales des Lagides, l’explication de la date égyptienne d’une inscription grecque tracée sur le colosse de Memnon à Thèbes d’Égypte ; tom. I, pag.  413 à 455.