Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/163

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Nous les copions sur place, ou d’après les empreintes lorsqu’elles sont placées à une grande hauteur ; je les collationne plusieurs fois sur l’original, je les mets au net et les donne aussitôt aux dessinateurs, qui, d’avance, ont réservé et tracé les colonnes destinées à les recevoir ; j’ai pris la copie entière d’une grande stèle placée entre les deux colosses de gauche, dans l’intérieur du grand temple ; elle n’a pas moins de 32 lignes : c’est celle dont notre ami Huyot m’avait parlé, et que j’ai bien retrouvée à sa place ; ce n’est pas moins qu’un décret du dieu Phtha, en faveur de Rhamsès-le-Grand, auquel il prodigue les louanges pour ses travaux et ses bienfaits envers l’Égypte ; suit la réponse du roi au dieu en termes tout aussi polis. C’est un monument fort curieux et d’un genre tout-à-fait particulier.

Voilà où en est notre mémorable campagne d’Ibsamboul : c’est la plus pénible et la plus glorieuse que nous pussions faire pendant tout le voyage. Nos compagnons français et toscans ont rivalisé de zèle et de dévouement, et j’espère que, vers le 15, nous mettrons à la voile pour regagner l’Égypte avec notre butin historique. J’ai eu trois jours de goutte en arrivant ici ; mais les bains de vapeur que j’ai pris dans le temple m’en ont délivré pour long-temps, je l’espère.