Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/260

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des douze heures de jour, on a tracé l’image détaillée de la barque du dieu, naviguant dans le fleuve céleste sur le fluide primordial ou l’éther, le principe de toutes les choses physiques selon la vieille philosophie égyptienne, avec la figure des dieux qui l’assistent successivement, et de plus, la représentation des demeures célestes qu’il parcourt, et les scènes mythiques propres à chacune des heures du jour.

Ainsi, à la première heure, sa bari, ou barque, se met en mouvement et reçoit les adorations des esprits de l’Orient ; parmi les tableaux de la seconde heure, on trouve le grand serpent Apophis, le frère et l’ennemi du Soleil, surveillé par le dieu Atmou ; à la troisième heure, le dieu Soleil arrive dans la zone céleste où se décide le sort des âmes, relativement aux corps qu’elles doivent habiter dans leurs nouvelles transmigrations ; on y voit le dieu Atmou assis sur son tribunal, pesant à sa balance les âmes humaines qui se présentent successivement : l’une d’elles vient d’être condamnée, on la voit ramenée sur terre dans une bari, qui s’avance vers la porte gardée par Anubis, et conduite à grands coups de verges par des cynocéphales, emblèmes de la justice céleste ; le coupable est sous la forme d’une énorme truie, au-dessus de laquelle on a gravé en grand caractère gourmandise ou gloutonnerie, sans doute le péché capital