Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/332

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démonstratives contre l’opinion de ceux qui supposeraient que l’art égyptien gagna quelque perfection par l’établissement des Grecs en Égypte.

Je le répète encore : l’art égyptien ne doit qu’à lui-même tout ce qu’il a produit de grand, de pur et de beau ; et n’en déplaise aux savants qui se font une religion de croire fermement à la génération spontanée des arts en Grèce, il est évident pour moi, comme pour tous ceux qui ont bien vu l’Égypte, ou qui ont une connaissance réelle des monuments égyptiens existants en Europe, que les arts ont commencé en Grèce par une imitation servile des arts de l’Égypte, beaucoup plus avancés qu’on ne le croit vulgairement, à l’époque où les premières colonies égyptiennes furent en contact avec les sauvages habitants de l’Attique ou du Peloponèse. La vieille Égypte enseigna les arts à la Grèce, celle-ci leur donna le développement le plus sublime : mais sans l’Égypte, la Grèce ne serait probablement point devenue la terre classique des beaux-arts. Voilà ma profession de foi tout entière sur cette grande question. Je trace ces lignes presqu'en face des bas-reliefs que les Égyptiens ont exécutés, avec la plus élégante finesse de travail, 1700 ans avant l’ère chrétienne. Que faisaient les Grecs alors !... Mais cette question exigerait des volumes, et je ne fais qu’une lettre... Adieu.