Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/45

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lieues de nous. Le vent s’étant enfin levé, le vaisseau a passé devant les îles de Favignana et Levanzo ; nous avions en perspective Trapani (Drepanum), l’ancien arsenal de Sicile, et le mont Éryx si vanté dans l’Enéide. L’après-midi, nous avons passé devant Marsalla et salué dévotement ses excellents vignobles : il s’est mêlé à mon salut une teinte fort respectueuse, lorsqu’on a dépassé cette ville qui fut la vieille Lilybée, le principal établissement carthaginois en Sicile. Cette côte méridionale est d’une beauté parfaite.


Du 6.

Je n’ai pu saluer les ruines de Sélinonte, nous les avons rasées de nuit. La côte est ici un peu plus sèche, quoique pittoresque, et d’un ton africain à faire plaisir. On a jeté l’ancre dans la rade d’Agrigente (Girgenti) ; là sont une foule de monuments grecs que nous désirons visiter et étudier. Mais il est probablement décidé que nous aurons le déboire d’être venus à quatre cents toises de ces temples sans pouvoir même les apercevoir. Nous payons chèrement la sottise du capitaine marseillais qui a répandu à Gênes la nouvelle de la fameuse peste de Marseille. Étant allés au lazaret d’Agrigente avec le commandant, on nous a répondu que des ordres