Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/56

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M. le chancelier du consulat-général de France voulut bien aussi venir à notre bord, nous complimenter de la part de M. Drovetti, qui se trouvait heureusement à Alexandrie, ainsi que le vice-roi. Le soir même, à six heures, je me rendis à terre, avec notre brave commandant et mes compagnons de voyage, Rosellini, Bibent, Ricci, et quelques autres : je baisai le sol égyptien en le touchant pour la première fois, après l’avoir si long-temps désiré. À peine débarqués, nous fûmes entourés par des conducteurs d’ânes (ce sont les fiacres du pays), et, montés sur ces nobles coursiers, nous entrâmes dans Alexandrie.

Les descriptions que l’on peut lire de cette ville ne sauraient en donner une idée complète ; ce fut pour nous comme une apparition des antipodes, et un monde tout nouveau : des couloirs étroits bordés d’échoppes, encombrés d’hommes de toutes les couleurs, de chiens endormis et de chameaux en chapelet ; des cris rauques partant de tous les côtés et se mêlant à la voix glapissante des femmes, ou d’enfants à demi-nus ; une poussière étouffante, et par-ci par-là quelques seigneurs magnifiquement habillés, maniant habilement de beaux chevaux richement harnachés, voilà ce qu’on nomme une rue d’Alexandrie. Après une demi-heure