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même ordre, le dieu Chnouphis, la déesse Saté et la déesse Anouké[1].

Cette dernière est reconnaissable à son nom d’abord, et en second lieu à son costume particulier.

Son nom hiéroglyphique, composé de trois caractères phonétiques[2] le bras étendu , la ligne brisée , et le segment de cercle , se lit ⲁⲛⲕ (Anouké, Anouki), et il est suivi de la marque du genre féminin , et de l’uræus, signe déterminatif des noms propres de déesses. La planche 20 porte un second nom symbolique, ou plutôt un titre de la déesse, encore inconnu.

La même planche nous montre Anouké[3] sous la figure d’une femme assise sur un trône ; sa coiffure, ceinte d’un diadème auquel est attaché l’uræus, insigne du pouvoir souverain, est surmontée de plumes ou feuilles de couleurs variées, que l’on pourrait prendre pour une fleur de lotus épanouie et engagée dans la coiffure, si sur d’autres monuments ces feuilles ou plumes n’étaient plus allongées, plus nombreuses, et n’affectaient la forme du beau chapiteau égyptien, composé de feuilles de palmier[4].

L’image de cette déesse n’est point rare sur les grands édifices de l’Égypte : nous citerons particulièrement deux grands tableaux sculptés dans le temple d’Ammon-Cnouphis à Éléphantine, construction du règne du pharaon Aménophis, huitième roi de la XVIIIe dynastie, qui régna vers l’an 1687 avant Jésus-Christ, comme une preuve de l’antique existence du culte d’Anouké avant la venue des Grecs en Égypte. Dans l’un de ces tableaux, Anouké est encore à la suite d’Ammon-Cnouphis et de Saté[5] ; dans l’autre, le pharaon Aménophis fait hommage d’une corbeille de fleurs à la déesse, qui, plus loin, accueille ce monarque, lève sur lui l’une de ses mains en signe de protection, et lui présente de l’autre l’emblème de la vie et le signe des panégyries ou des périodes d’années, comme pour lui promettre un règne long et heureux[6].

  1. Ces monuments sont une stèle et un bas-relief déja décrits dans l’explication de nos planches 19 et 19 (A).
  2. Voir ce nom noté A dans notre pl. 19, où il a été mis par erreur, et pl. 20 (A).
  3. Tirée de la stèle du comte de Belmore.
  4. Description de l’Égypte, Esné et Edfou, A, vol. I.
  5. Idem, A, vol. I, pl. 37, no 1.
  6. Idem, ibidem.