Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/118

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deux d’une seule colonne verticale, ont été gravées sur les deux montants et sur les battants de la porte, encore parfaitement conservés, et que ces légendes ne contiennent toutes que le nom et les titres de la déesse Anouké, déja inscrits sur l’une des colonnes du portique : c’est ce que démontre encore mieux la description des scènes sculptées et peintes sur deux des faces extérieures de cette petite chapelle.

On remarque sur la face latérale gauche le dieu Chnouphis et les déesses Saté et Anouké, assis sur des trônes, recevant les adorations d’un auditeur de justice nommé Kasi, lequel est accompagné de son père, de sa mère et de quatre de ses frères ou seurs, comme l’indiquent des légendes particulières : ces personnages portent en main diverses offrandes et des bouquets de lotus. Ce tableau offre donc en premier lieu la Vesta égyptienne, associée aux deux grandes divinités Chnouphis et Saté, dont elle est, pour ainsi dire, inséparable, et auxquelles il est probable que les mythes sacrés attribuaient sa naissance ; mais la face latérale droite de la chapelle nous montre Anouké-Vesta adorée séparément et avec tous les caractères distinctifs de la divinité principale de ce petit édifice. Assise sur un trône[1], dans un naos dont la corniche est surmontée d’une rangée d’uræus, la déesse tient dans ses mains le sceptre et l’emblème de la vie ; devant elle sont un autel, un vase à libation et une fleur de lotus. Le naos est porté sur une bari ou barque sacrée, à deux gouvernails décorés de têtes d’épervier, emblèmes de la Providence, et dont la poupe et la proue ont été ornées de deux têtes de déesse mère avec des colliers. Vers la proue de la bari, décorée de l’œil droit, emblème du Soleil, et en face d’Anouké, s’élève un riche bouquet de lotus ; à côté sont placées d’autres offrandes. La bari sacrée est censée flotter sur le fleuve saint, duquel dérive un canal portant une autre barque thalamége, conduite par quatre rameurs ; enfin, à la jonction du canal et du Nil, un personnage, probablement l’auditeur de justice Kasi, auquel appartenait la chapelle, égorge une victime sur un autel ; un de ses frères épanche l’eau d’un grand vase placé sur une sellette ; plus bas sont Kasi et toute sa famille, figurés en pied et de plus forte proportion.

Le seul fait que la déesse Anouké est représentée assise dans un naos porté sur une bari ou barque sacrée, suffirait d’ailleurs pour établir que cette petite chapelle lui était plus spécialement dédiée qu’aux autres divinités dont ce petit édifice en bois peint présente aussi les images.

  1. Voir la planche 20 (A).