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SOVK.

(suchus, cronos, saturne.)
Planche 22

Le dieu Sovk, qui, dans la planche 21, est totalement de forme humaine, se montre ici avec la tête de l’animal qui lui était spécialement consacré ; c’est celle d’un crocodile, amphibie redoutable, qui peuple le grand fleuve auquel l’Égypte doit sa prospérité, et presque son existence. Les médailles grecques de l’Égypte, prouvent, en effet, que le crocodile fut l’emblême du Cronos égyptien ; une médaille d’Antonin, frappée à Alexandrie, montre, à son revers, le dieu grec Cronos, la tête surmontée d’un disque, en sa qualité de planète, la harpè dans la main gauche, et un crocodile sur la main droite. C’est ainsi que sur les médailles grecques des nomes d’Apollonopolis, de Thèbes, de Tentyra, d’Hermopolis, de Mendès, etc., les dieux égyptiens répondant à Apollon, Zeus, Aphrodite, Hermès et Pan, se montrent au revers de ces médailles, costumes à la grecque, mais tenant aussi sur leurs mains un épervier mithré, un bélier, un épervier, un ibis et un bouc, animaux que les Égyptiens avaient consacrés à ces divinités, qui, presque toutes, en empruntent la tête sur les monuments du premier style.

Le crocodile fut choisi de préférence à tout autre animal, pour devenir le symbole de Sovk, le Cronos ou Saturne égyptien, le dieu du temps, parce que, selon la doctrine sacerdotale, cet amphibie est l’emblême du temps[1]. Dans le système hiéroglyphique, diverses parties isolées du crocodile, expriment, de plus, des phénomènes célestes, qui tous ont servi de base aux divisions du temps. Les deux yeux de cet animal signifient le lever du Soleil ou d’un astre (Ἀνατολὴ) ; le crocodile recourbé désignait le coucher (Δύσις), et sa queue, les ténèbres, l’obscurité de la nuit (Σκότος)[2]. Les écrivains grecs nous font

  1. Clément d’Alexandrie, Stromat., liv. V, page 566.
  2. Horapollon, liv. I, hierogl. 68, 69 et 70.