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MANDOU, MANDOU-RÉ, MANDOU-RI.

(mandoulis.)
Planche 27

L’utilité des inscriptions grecques recueillies avec tant de soin et de persévérance par les voyageurs Belzoni, Burckhardt, Cailliaud et Gau parmi les ruines de l’Égypte, ne se borne point à l’accroissement de nos connaissances sur l’administration politique et sur l’état civil des habitants de ce pays, durant la domination grecque et romaine. Elles fournissent quelquefois aussi des notions d’autant plus précieuses sur la religion et le culte national des Égyptiens, qu’elles viennent confirmer, en s’accordant avec eux, les résultats du même ordre antérieurement déduits de l’étude d’inscriptions conçues en anciens caractères égyptiens. L’explication de notre planche 7 a déja prouvé la vérité de cette assertion : celle de notre planche 27 donnera un nouvel exemple des ressources qu’on peut trouver dans ce rapprochement.

D’après une inscription grecque copiée par un voyageur anglais, M. Bailie[1], sur un des temples de Calabsché (l’ancienne Talmis) en Nubie, cet édifice fut principalement consacré au culte d’un dieu égyptien nommé Μανδουλισ Mandoulis ; et un grand nombre d’actes d’adoration, Προσκυνήματα, écrits en langue grecque et tracés sur les murailles ou dans le voisinage du même temple, témoignent aussi que la divinité locale était Μανδουλισ, personnage mythique auquel on donne constamment le titre de Κυροσ, Seigneur, et celui de Θεοσ Μεγιστοσ, Dieu très-grand[2]. Mais rien, dans aucune de ces inscriptions, ne peut nous faire connaître les formes ni les attributs que les Égyptiens donnèrent au dieu particulièrement adoré dans le bourg sacré de Talmis. Notre curiosité eût été, à cet égard, promptement satisfaite, si quelque voyageur eût dessiné avec soin la série des bas-reliefs existants dans ce temple de Nubie : on eût bientôt reconnu le dieu principal du temple, au rang distingué qu’il doit nécessairement tenir parmi les personnages divins sculptés sur les parois de l’édifice. Mais il en est des temples de Calabsché, comme de toutes les constructions antiques de l’Égypte et de la Nubie ; nous ne possédons malheureusement que des copies isolées

  1. Cité par M. Niebuhr, Inscriptiones Nubienses.
  2. Voyez Gau, Monuments de la Nubie ; Inscriptions ; Calabsché ; pl. II, no 4 ; pl. III, nos 7, 9, 10, 14, 15, 16, 17 ; pl. IV, nos 20, 22, 23, et 29.