Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/156

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du mot ⲥⲏⲩ, sév ou siv, le temps, dans les légendes hiéroglyphiques phonétiques (nos 2 et 3) ; seb, sév ou siv, nom ordinaire du Cronos ou Saturne des mythes sacrés de l’Égypte.

Le dieu Sév, tel que le présente notre planche 27 (no 1), fut souvent reproduit sur les monuments de sculpture égyptienne : la tête du dieu est couverte du diadème Toscher emblême de sa domination sur la région inférieure ou le monde matériel, qui se combine en même temps avec la coiffure Otf, commune à plusieurs autres divinités. Un bas-relief du temple de Philæ[1] représente le Saturne égyptien ainsi caractérisé, recevant avec son épouse Natphé l’encens que leur présente Ptolémée Philométor ; dans un autre tableau du temple de Kalabsché, Sév portant ces deux coiffures combinées au-dessus du klaft ou coiffure ordinaire des Égyptiens, a été figuré assis avec Natphé et le jeune dieu Manrouli leur arrière-petit-fils. Enfin un sarcophage de pierre calcaire appartenant au Musée du Louvre et couvert de riches et nombreuses décorations sculptées avec soin, nous montre le dieu Sév debout, levant sa main droite en signe de protection, et tenant dans sa main gauche une grande faux droite, sorte d’arme ou d’instrument qui, rappelant la harpé du Cronos des Grecs, et la faux du Saturne italiote, fournit une nouvelle preuve des nombreux emprunts faits par les peuples de l’Occident aux mythes sacrés et aux formes du culte des anciens Égyptiens.

La légende (n° 1) qui accompagne le dieu, ⲥⲃ ⲡⲧϥⲑ ⲛⲛⲧⲣ, signifie Sév le père des dieux ; mais ce titre ne doit s’entendre que d’une manière restreinte, comme nous l’établirons dans un autre article relatif à ce même personnage mythique.

  1. Bas-relief décorant le fût de la huitième colonne de l’édifice de droite après le grand pylône.