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paraître deux divinités différentes ; mais l’échange fréquent de leurs noms, soit phonétiques, soit symboliques, ainsi que la communauté de leur emblême, prouvent assez que ces deux divinités sont identiques, et que leurs formes et attributs se concentrent en un seul et même personnage mythique.

L’une est Néith, la première émanation d’Amon-Ra, la mère divine ou la mère céleste, dont la coiffure pschent est l’insigne habituel ; l’autre divinité qui, comme Néith, porte le titre de mère divine, se distingue ordinairement par la seule partie supérieure du pschent flanquée de deux feuilles de couleurs variées. Cet emblême est placé sur la tête de cette déesse, que recouvre déja le vautour symbole de la maternité. (Voyez planche 28.)

Lorsque les noms et titres de Néith n’accompagnent point l’image de cette seconde déesse, une des modifications de forme de la première, sa légende contient un nom propre particulier composé des trois éléments phonétiques, la plante S, la jambe humaine B, OU ou V, et le vase N ; mais ces signes de son se montrent quelquefois groupés de manière à ce que leur ordre ne paraît pas constamment le même. Souvent aussi l’insertion du signe de genre (le segment de sphère), se plaçant au milieu ou à la fin du groupe phonétique, vient en augmenter la confusion apparente : ce qui semble produire les mots ⲥⲃⲛ(ⲧ), ⲥⲛ(ⲧ)ⲃ, ⲥⲛⲃ(ⲧ), etc. (lég. nos 1, 2 et 3.) Toutes ces variations d’ordre dans les éléments, inhérentes à la nature même de l’écriture hiéroglyphique, proviennent de ce que les scribes cherchaient souvent à grouper d’une manière plus agréable pour l’œil, les signes destinés à exprimer un même mot ou une même idée. Mais partout où le nom de la déesse est tracé horizontalement ou perpendiculairement et un signe après l’autre, l’ordre des éléments est invariable, la plante est le premier signe, la jambe humaine le second, et le petit vase le troisième : le signe de genre le suit immédiatement. Nous connaissons donc ainsi l’ordre véritable des éléments phonétiques dont se forme le nom propre de l’Ilithya égyptienne, qui pouvait se prononcer Seven, Saouen, ou Souan.

Les représentations de cette déesse à face humaine et telle que l’offre notre planche 28, sont assez multipliées sur les grands monuments de l’Égypte et de la Nubie. L’Ilithya égyptienne se montre dans les bas-reliefs du temple isolé de Calabsché, instruisant avec Bouto, qui est la