Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/168

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cette direction des huit régions de la seconde zône du monde, habitée passagèrement par les ames des morts. Cela expliquerait encore pour quoi le nombre huit est particulièrement consacré à Thoth ; et il n’est point hors de vraisemblance que la grande ville d’Hermès dans l’Heptanomide, qui porta le nom de Schmoun[1], c’est-à-dire, huit, nom transcrit par les Arabes sous la forme du duel Aschmounaïn, a été ainsi appelée par allusion aux huit régions des ames, auxquelles présidait le dieu éponyme de cette grande cité.

Quoi qu’il en soit, on attribua au second Hermès égyptien, Thoth ibiocéphale, comme à l’Hermès des Grecs, la direction des ames que la mort séparait des corps terrestres. Aussi ce dieu est-il figuré dans les peintures des momies, tenant dans ses mains l’emblème de la partie inférieure du monde, qui comprenait dans ses limites une portion du ciel et l’Amenté, lieu où les ames étaient jugées par Osiris. Le nom écrit de la partie inférieure de l’Univers se compose, dans les textes hiéroglyphiques, d’une plume, du segment de sphère lié au signe recourbé qui exprime l’articulation S. C’est ce même nom, dans lequel il me semble reconnaître les éléments graphiques du mot égyptien PESÈT qui signifie partie inférieure, que tient dans sa main le dieu Thoth figuré sur notre planche 30 (B). Il faut observer seulement qu’une portion du signe recourbé a été prolongée outre mesure pour donner à ce groupe de lettres l’apparence d’un sceptre dans les mains du dieu, qui tient aussi une bandelette : les exemples d’images d’objets dénaturés ainsi dans leur forme, pour s’accommoder à l’effet général d’une composition, sont fort communs sur les monuments égyptiens[2] : dans les textes courants, le groupe hiéroglyphique exprimant la partie inférieure du ciel et du monde en général, prend la forme indiquée dans la pl. 30 (B), sous le no 2, accrue de trois signes déterminatifs ; et on le retrouve sculpté sous la forme no 3, hors du disque renfermant le zodiaque circulaire de Denderah, au-dessous du scorpion et entre les figures de femme et d’homme à tête d’épervier, qui soutiennent cette portion du disque. Au point diamétralement opposé, se trouve le nom de la partie supérieure du ciel et du monde. La ligne dont ces deux groupes sont les deux points extrêmes, passe par les pieds postérieurs du taureau et par la tête du scorpion.

  1. Voyez mon Égypte sous les Pharaons, tome I, pages 290 et 291.
  2. Voyez nos planches 9, 20 (A), et 20 (B).