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AMON-RA.

(l’esprit des quatre éléments, l’ame du monde matériel.)
Planche 2 ter.

C’est parmi les riches décorations d’un cercueil de momie, faisant partie du Musée royal égyptien de Turin, que nous avons trouvé la divinité représentée sur cette planche. Les insignes qui surmontent sa coiffure, une sorte de vase flanqué de deux plumes d’autruche vertes, les cornes de bouc surmontées du disque, et deux uræus, furent, comme on le verra dans la suite, communs à plusieurs divinités égyptiennes ; le trait caractéristique de cette image sacrée consiste dans les quatre têtes de bélier, dont deux sont tournées vers la droite, et les deux autres vers la gauche. La coiffure bleue qui est censée les recouvrir, prend ici une forme toute particulière. Le corps du dieu, qui tient dans ses mains le sceptre de la bienfaisance et l’emblème de la vie, est tout entier de couleur verte, et l’inscription hiéroglyphique Ⲁⲙⲛ-ⲣⲏ ⲛⲏⲃ (ⲛ) ⲧⲡⲑ Amon-Ra seigneur du ciel, nous apprend que cette singulière image se rapporte à la plus grande des divinités de l’Égypte.

On trouve que cet Amon à quatre têtes de bélier est reproduit sur des monuments de divers genres. Il est sculpté sur la poitrine du Torse égyptien du Musée Borgia[1], fragment de statue du plus beau travail et d’un haut intérêt, puisqu’il est couvert d’une foule d’images, en pied, de divinités égyptiennes, accompagnées pour la plupart de légendes explicatives. Le dieu Amon est représenté assis, tenant les sceptres d’incitateur et de modérateur, au milieu d’un disque soutenu par les bras élevés, symbole de la supplication et des offrandes : quatre ailes partant des épaules du dieu rapprochent cette image de celle d’Amon-Ra Panthée, publiée dans notre planche 5.

On reconnaît encore cette image sur un genre particulier de monuments funéraires que nous avons nommés hypocéphales, parce qu’ils sont souvent placés sous la tête des momies humaines. Ce sont des disques, soit en bronze, soit en cartonnage de toile[2], gravés ou peints, et couverts de tableaux symboliques accompagnés de légendes. Amon à quatre têtes de bélier assis, et tenant les deux sceptres déjà indiqués, en occupe toujours le centre. Les scènes emblématiques dont ces hypocéphales sont couverts, sont toutes relatives à la cosmographie religieuse ; par leur forme, ces

  1. Aujourd’hui au Musée des Studj, à Naples.
  2. Le Musée royal du Louvre en possède six sous les nos P. 22 à 27.