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NÉITH.

(l’athène, ou la minerve égyptienne.)
Planche 6

La divinité qui porta les noms d’Amon, Amon-Ré, Cnèph ou Cnouphis, fut, comme on a pu le voir, le principe générateur mâle de l’univers. Les Égyptiens symbolisèrent, dans le personnage de Néith, le principe générateur femelle de la nature entière.

Ces deux principes, étroitement unis, ne formaient qu’un seul tout dans l’être premier qui organisa le monde. De là vient que les Égyptiens considéraient Néith comme un être à la fois mâle et femelle[1] (άρσενοθελυς), et que le nom propre de cette divinité exprimait en langue Égyptienne, comme nous l’apprend Plutarque, l’idée : Je suis venue de moi-même[2].

La déesse Néith occupait la partie supérieure du ciel[3]. Inséparable du Démiurge, elle participa à la création de l’univers, et présidait à la génération des espèces ; c’est la force qui meut tout[4].

Le culte de cette divinité, général dans toute l’Égypte, comme les monuments le prouvent, était spécialement pratiqué dans la ville principale de la Basse-Égypte, à Saïs, où résidait un collége de prêtres. Le temple de la déesse portait l’inscription fameuse : Je suis tout ce qui a été, tout ce qui est, et tout ce qui sera ; Nul n’a soulevé le voile qui me couvre ; Le fruit que j’ai enfanté est le Soleil[5]. Il serait difficile de donner une idée plus grande et plus religieuse de la divinité créatrice.

Néith était le type de la force morale et de la force physique. Elle présidait à la sagesse, à la philosophie, et à l’art de la guerre[6] ; c’est pour cela que les Grecs crurent reconnaître, dans la Néith de Saïs, leur Athène, la Minerve des Latins, divinité également protectrice à la fois, et des sages, et des guerriers.

Les Égyptiens consacrèrent à Néith le vautour, animal qui, dans

  1. Horapollon, liv. I, hierog. 13.
  2. Plutarch., de Iside et Osiride.
  3. Horapollon, liv. I, hierog. 12.
  4. Proclus, in Timæum.
  5. Plutarch. de Iside et Osiride. — Proclus, in Timæum.
  6. Proclus, idem.