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SATÉ ou SATI.

(satis, l’héra ou la junon égyptienne.)
Planche 19 (A)

Les bas-reliefs sculptés sur les édifices religieux de l’Égypte nous offrent assez fréquemment la représentation d’une déesse caractérisée surtout par sa coiffure formée de la portion supérieure du pschent, flanquée de deux cornes. Cette divinité, dont le nom hiéroglyphique est formé de quatre caractères (voyez pl. 19 (B)) répondant aux lettres coptes ⲥⲧⲏ, qui pouvaient se prononcer Saté ou Sati, est figurée sur un grand nombre de bas-reliefs, et presque toujours à la suite du dieu Ammon-Chnouphis, avec lequel Sati paraît s’être trouvée dans des rapports mythiques très-intimes.

Cet aperçu, déduit de la seule inspection des monuments, devient un point de fait démontré par une inscription grecque du temps de Ptolémée Évergète II, gravée sur un autel découvert par M. Ruppel, à Sehhélé, île située entre Philæ et Éléphantine[1]. On y lit en effet que l’une des divinités locales, assimilée par les Grecs à leur Héra (la Junon des Latins), porta, en langue égyptienne, le nom de ΣΑΤΙΣ, Satis, ou plutôt ΣΑΤΙ, Sati, en faisant abstraction de la finale grecque. Dans cette même inscription, Héra-Satis ou Junon-Satis, est nommée, immédiatement après, Ammon-Chnoubis. D’autre part, une inscription latine a été copiée dans les carrières de Syène, par l’infatigable Belzoni[2], sur un autel dédié à Jupiter-Chnoubis et à Junon-Reine, protecteurs de ces montagnes ; il est donc certain que la divinité figurée sur notre planche 19 (B), est la déesse Sati, la Junon égyptienne, la compagne d’Ammon-Chnouphis, le Jupiter égyptien.

Que Sati ou Saté fût dans les mythes sacrés de l’Égypte l’épouse de ce grand dieu, ou qu’elle en fût seulement une parèdre, c’est ce que les textes hiéroglyphiques connus jusqu’à ce jour ne nous ont point encore appris. Quoi qu’il en soit, elle partage les honneurs rendus à Ammon--

  1. Recherches pour servir à l’histoire de l’Égypte, etc., par M. Letronne, pages 341 et 480.
  2. Idem, page 361.