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TPÉ ou TIPHÉ.

(uranie, la déesse ciel.)
Planche 20

Presque tous les peuples anciens, frappés du magnifique spectacle que le ciel offrait à leurs regards, l’ont personnifié, et cette nouvelle divinité devint un des principaux objets de culte. Chez les Grecs, il fut, sous le nom d’Uranus, considéré comme mâle, et mis au nombre des plus anciens dieux ; c’est de lui que naquit Cronos, père de Zeus, roi des immortels, père des dieux et des hommes.

Le beau ciel de l’Égypte, presque constamment pur et sans nuages, fut aussi un objet de vénération pour les peuples qui habitèrent les rives du Nil ; mais il semble que leurs hommages s’adressaient moins au ciel physique qu’à l’essence génératrice femelle, qu’ils croyaient résider dans ces espaces éthérés où a été accomplie la génération du Soleil, de la Lune, et des autres astres[1] ; c’est pour cela que les Égyptiens trouvèrent convenable de donner au Ciel un nom du genre féminin, comme le dit formellement Horapollon[2] ; le mot qui désigne le Ciel, en langue égyptienne, est en effet du genre féminin ; c’est ΤΠΕ Tpé, en dialecte thébain, et ΤΘΕ Tphé, ou Tiphé en dialecte memphitique.

Le Ciel personnifié, la déesse Tpé, ou bien Uranie, Οὐρανία, comme l’appelle Horapollon[3], fut symboliquement représentée par un vautour, comme la plupart des grandes déesses, parce que cet oiseau était le type des êtres essentiellement féminins, et dont la maternité est le caractère spécial : toute génération venait du ciel, selon la doctrine égyptienne[4].

Notre planche 20, nous montre la déesse Tpé sous la figure d’une femme, sa coiffure est ceinte d’un diadême auquel est attaché l’uræus insigne du pouvoir souverain, et surmontée de feuilles de couleurs

  1. Horapollon, Hiérogl., liv. I, §. 11, pag. 22 et 24, édit. de Pauw.
  2. Idem, pag. 22.
  3. Idem, pag. 18.
  4. Idem, pag. 24.