esprit étendu en tous lieux[1]. Le corps de Néith, couvert d’une tunique soutenue par deux bretelles, est celui d’une femme auquel est adapté le signe spécial du principe mâle ; des pieds de lion portent cette image panthée de Néith, comme l’image panthée du Démiurge Amon-Ra (voyez pl. 5).
Cette singulière représentation de Néith, mâle et femelle, se trouve plus ou moins complète dans les peintures des grands manuscrits hiéroglyphiques. La légende (A) qui s’y rapporte, signifie simplement La mère ; ailleurs, le vautour, caractère principal de ce nom, et l’emblême spécial de la déesse, est combiné avec le fouet (B), ou suivi de plusieurs autres signes (C) qui formaient la légende Ⲧⲙⲁⲩ ⲧⲇⲣ, Mater magna Domina. Il est évident qu’un des noms hiéroglyphiques de Néith, composé du vautour et du scarabée, nom expressément indiqué par Horapollon[2], se rapportait à Néith Ἀρσενόθηλυς ; ces deux caractères exprimaient, en effet, le premier le sexe féminin et la maternité, le second le sexe masculin et la paternité.
La croyance populaire voulait que Néith eût été l’inventrice de l’art de filer[3] ; c’est là une nouvelle conformité entre la déesse égyptienne et l’Athène des Grecs. La troisième grande fête des Égyptiens était célébrée à Saïs, et dans toute l’Égypte, en l’honneur de Néith ; pendant cette nuit solennelle, chacun allumait en plein air des lampes autour de sa maison ; cette fête porta le nom de Fête des lampes ardentes, et l’on donnait une raison sainte de ces illuminations[4].
C’est d’un très-beau manuscrit égyptien hiéroglyphique rapporté d’Égypte par le courageux voyageur Belzoni, que nous avons extrait l’image de Néith-Panthée, figurée sur cette planche. D’autres manuscrits ne donnent à la déesse, toujours mâle et femelle, que la tête seule de lion.