NÉITH CRIOCÉPHALE.
On a recueilli l’image de la divinité gravée sur cette planche, parmi les scènes d’adorations sculptées sur les parois intérieures des murailles d’un monument isolé à Calabsché, dans la Nubie[1]. L’existence de cette déesse à tête de bélier sur l’un des bas-reliefs de ce temple, nous paraissait d’abord douteuse. L’artiste aurait pu facilement, en effet, se méprendre en exagérant le contour du sein, dans la supposition que cette figure fût réellement un Ammon sur le monument original : mais le sceptre terminé par une fleur épanouie de lotus, et la tunique descendant jusques à la cheville du pied, ne laissent aucun doute sur le véritable sexe de cette divinité. C’est bien réellement une déesse ; et il était d’autant plus important de constater le fait, qu’aucun autre monument ne reproduit, à notre connaissance du moins, la combinaison symbolique d’une tête de bélier sur un corps de femme. Il est fort à regretter que l’artiste ait négligé de copier les légendes hiéroglyphiques qui accompagnent la représentation de la déesse : nous connaîtrions plus positivement le nom et les attributions de cette divinité criocéphale. Des caractères certains ne permettent cependant point de douter que nous ne devions voir ici une des formes de Néith, considérée mystiquement comme la moitié du grand être, Ammon ; ou, ce qui revient au même en d’autres termes, le principe femelle de l’univers uni dans Ammon au principe mâle, ce premier des êtres les renfermant tous les deux primordialement[2]. C’est, sans aucun doute, à cette forme mystique d’Ammon-Neith, que s’appliquait le nom de ⲧⲁⲙⲛ Tamon, inscrit à côté de la déesse criocéphale, et que nous avons extrait du rituel funéraire égyptien. Ce nom y est donné à la déesse Néith et signifie Ammon femelle, car le nom d’Ammon ⲁⲙⲛ se montre ici affecté de l’article féminin ⲧ.
Dans le bas-relief de Calabsché, la déesse criocéphale est représentée adorée, en première ligne, par un souverain de l’Égypte, probablement