Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la déesse est représentée dans cette planche 6 septies ; sa tête de lion est ornée du disque et de l’uræus ; elle saisit de ses deux mains et foule en même temps aux pieds une énorme couleuvre, le grand serpent ennemi des dieux, et le symbole des méchants et des impies, nommé Ⲇⲡⲡ ou ⲇⲡⲫ (Apop ou Apoph) le géant, dans les textes hiéroglyphiques. L’inscription qui accompagne cette image de la déesse sur le magnifique torse Borgia, aujourd’hui au Musée Bourbon à Naples, ne laisse aucun doute sur les attributions redoutables de cette divinité ; elle signifie : la gardienne puissante, ⲃⲇⲁ ⲛ ⲣⲏ ⲧⲛⲑⲃ ⲛⲧⲟⲟⲙ ϩⲟⲛⲧ ⲛⲛⲑⲟⲩⲧⲑ ⲛⲓⲃⲓ ⲱϥⲑ (ⲛⲑ) ⲥⲱⲃⲑ, œil du Soleil, souveraine de la force, rectrice de tous les dieux chatiant les impurs.

Nous traduisons provisoirement par gardienne ou conservatrice, le nom hiéroglyphique de la déesse formé des trois premiers caractères de cette inscription, parce que l’espèce d’instrument qu’il a toujours pour initiale, est constamment placé dans les mains des divinités gardiennes et qu’il est aussi l’initiale d’un groupe qui, dans les textes hiéroglyphiques, exprime évidemment l’idée conserver ou garder ; nous soupçonnons, toutefois, que ce signe pris phonétiquement put représenter la consonne . Le nom de la déesse se lirait alors ⲕϩ ou ⲕϩⲧ en supposant que le final n’est point la marque de genre : dans le premier cas ce nom se rapporterait à la racine ⲕⲱϩ (kôh) zelus, æmulatio, ardor, iracundia, et dans le second cas, à la racine ⲕⲱϩⲧ (kôht) feu, Ignis, ce dernier nom conviendrait sous tous les rapports à la compagne chérie de l’Hephæstus ou Vulcain égyptien.

La déesse porte le titre de Dame de la région de Ratoui dans la légende d’une de ses statues du Musée royal[1] : les autres titres sont réunis sur la planche 6 quater, du no 2 au no 8 : on les a extraits de la quatrième partie du rituel funéraire qui se rapporte à Néith-Panthée, considérée dans ses diverses attributions. Cette grande divinité, dont la déesse léontocéphale n’est qu’une forme simple, y est successivement appelée Soleil femelle (no 2), rectrice des dieux (no 3), ptérophore (ou porte-ailes) (no 4), déesse rectrice de la région supérieure et de la région inférieure (no 5), tête de son père (no 6), divine mère de Paschakasé (l’un des noms mystiques de Phtha) (no 7), et royale épouse de Paléhaka (l’un des noms mystiques d’Ammon) (no 8).

  1. Suprà, planche 6 quinquies, A, no 2.