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Sur notre planche 7, cette déesse est figurée assise sur son trône, la tête couverte de la coiffure ordinaire des femmes égyptiennes, mais ceinte de bandelettes, ou plutôt du diadême. Le nu est ordinairement peint en jaune, et quelquefois aussi en vert, comme les chairs de Cnouphis ; ses mains portent l’emblême de la vie divine, et le sceptre ordinaire des déesses.

La légende, qui, sur notre planche, accompagne l’image de Sati, se lisait, Ⲥⲧⲏ ⲧⲛⲟⲩⲧⲉ ⲧϣⲉ ⲛⲣⲏ ⲧⲛⲏⲃ ⲙⲡⲉ, et signifie Saté ou Sati, déesse, fille de Ré, dame du ciel ; et, comme cette légende est habituellement la même partout où se montre la représentation de cette divinité, elle nous apprend avec certitude que Sati était fille du Soleil, dont le nom était , en langue égyptienne.

Que Saté fut l’épouse d’Amon-Cnouphis, comme l’ont supposé les Grecs, en l’assimilant à Héra, épouse de Zeus, ou qu’elle fut simplement une Parèdre ou compagne assidue du Jupiter égyptien, c’est ce que nous ne sommes point encore en état de décider.

Sati, l’Héra égyptienne, présidait à l’hémisphère inférieur du ciel[1], comme Néith à l’hémisphère supérieur ; et, il est digne de remarque sans doute, que les déesses compagnes d’Amon ou Cnouphis, le dieu suprême, soient celles qui, selon la croyance établie, occupaient et régissaient les deux grandes divisions de la sphère céleste.

La déesse Sati paraît enfin avoir rempli certaines fonctions dans le monde inférieur, l’Amenté ou enfer égyptien. Son image décore les portes des superbes tombeaux des pharaons, dans la vallée de Biban-el-Molouk, à Thèbes. Sur quelques manuscrits funéraires, cette divinité, portant la légende Sati, déesse[2], ou bien, Sati, fille du Soleil[3], reçoit, à l’entrée du tribunal de l’Amenté, l’ame du défunt, que lui présente une seconde déesse, la tête également ornée d’une feuille, mais qu’il ne faut pas confondre avec Sati, dans la plupart des manuscrits où cette dernière déesse ne paraît point.

  1. Horapollon, liv. I, hierogl. 11.
  2. Grand manuscrit hiéroglyphique, gravé dans la Description de l’Égypte, Antiq., vol. II, pl. 72.
  3. Manuscrit hiératique, publié à Vienne, par MM. Fontana et de Hammer, 1822.