Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/62

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un grand jour sur cette matière. Par la connaissance des noms hiéroglyphiques des divinités, et même par le moyen de ceux dont le nom nous serait encore inconnu, nous reconnaîtrons qu’une foule d’images divines, qui n’ont rien de commun ni dans leur forme ni dans leurs attributs, représentent cependant une seule et même divinité, considérée toutefois dans des fonctions diverses, puisque leurs noms propres et leur filiation sont absolument les mêmes. Le personnage gravé sur cette planche offre un exemple de cette particularité.

La tête de ce dieu est celle d’un épervier, que surmonte une coiffure particulière, consistant dans la partie supérieure de la coiffure pschent, flanquée de deux appendices de couleurs variées. Le nom hiéroglyphique de cette divinité est tantôt Ⲡⲧϧ, Phtah, tantôt ⲥϭⲣⲓ, Socari, Socri, mais plus ordinairement Ⲡⲧϧ-ⲥϭⲣⲓ Ptah-Socari (A).

Ces légendes nous signalent ici une nouvelle forme du dieu Phtah (pl. 9.), l’organisateur du monde, et nous reconnaissons, de plus, l’identité des deux personnages, à la ressemblance de leur habillement étroit et de leurs sceptres. Phtah-Socari tient de plus, dans ses mains, un fouet comme son père, Amon-Générateur. Il est très-probable que le dieu égyptien Σοχαριςς, mentionné dans un vers de Cratinus[1], n’est autre que le Phtah-Socari figuré sur notre planche.

Phtha-Socari à tête d’épervier, n’est qu’une forme de Phtha considéré comme réglant les destinées des ames qui abandonnent des corps terrestres, afin d’être réparties dans les 32 régions supérieures. C’est pour cela que l’image de ce dieu se trouve toujours dans les grands rituels funéraires, les catacombes royales, et les peintures qui décorent les cercueils et les diverses enveloppes des momies[2].

  1. Hesychius, au mot Πααμυλης.
  2. Voyez la Description de l’Égypte, Antiq., vol. II, pl. 65 ; et les bas-reliefs du tombeau royal découvert par Belzoni.