Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

TRE, THRÉ, ou THORE.

(une des formes de phtah.)
Planche 12

Ce livre d’Horapollon[1] nous apprend que le scarabée fut, dans l’écriture sacrée, un des symboles du dieu Phtah, l’Hephaistus ou le Vulcain des Grecs et des Romains. Mais l’image de cet insecte est si multipliée dans les peintures des manuscrits et dans les sculptures des temples des palais et des monuments funéraires, que cette reproduction perpétuelle prouve à elle seule l’importance des personnages divins dont le Scarabée est l’emblême. Les anciens nous disent aussi qu’il fut consacré au Soleil ; mais comme cet animal, pris symboliquement, exprimait une foule d’idées différentes[2], il a pu devenir, par cela même, le signe tropique de plusieurs divinités.

Notre planche 12 présente l’image d’un dieu égyptien très-rarement figuré soit dans les bas-reliefs, soit dans les peintures religieuses ; elle est copiée des précieux dessins que le courageux voyageur Belzoni a faits, à Thèbes, de toute la décoration du superbe tombeau royal qu’il y a lui-même découvert.

Dans le vestibule de la magnifique salle voûtée qui renfermait le sarcophage, sur la face de l’un des six piliers qui soutiennent le plafond, est un grand bas-relief représentant le pharaon défunt, décoré de ses insignes royaux, et accueilli par la divinité gravée sur notre planche. Le corps du dieu est de forme humaine ; ses chairs sont de couleur rouge, teinte que les Égyptiens se donnent toujours dans leurs peintures ; une riche tunique, soutenue par une ceinture émaillée, le recouvre jusqu’à la hauteur des genoux ; des bracelets ornent ses bras et ses poignets ; mais la coiffure, au lieu de s’ajuster sur une face humaine, pose sur un Scarabée noir, qui remplace la tête du dieu.

Le nom hiéroglyphique, qui d’ordinaire accompagne le personnage, consiste (légende, no 1), dans le scarabée, la bouche, et la feuille suivie

  1. Livre I, §. 13.
  2. Idem, §. 10.