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L’une de ces deux barques symboliques nous montre le globe de la Lune flanqué de deux yeux configurés d’une manière particulière ; cet emblême, que l’on a pris tantôt pour une tête de coq, tantôt pour celle d’un cheval, n’est qu’une manière conventionnelle de représenter des yeux de taureau, ainsi que nous le montrerons dans un article spécialement relatif à ce symbole, commun au dieu Pooh et au dieu Phré, comme à Osiris.

Un nouveau nom hiéroglyphique du Dieu-Lune se présente sur ces deux stèles ; c’est le véritable nom propre de cette divinité, écrit phonétiquement et suivi d’un signe déterminatif qui ne laisse aucune espèce de doute sur sa valeur. La feuille, le bras étendu, et la chaîne, ou nœud, forment les éléments phonétiques de ce nom ; les deux premiers sont des voyelles qui expriment, suivant l’occasion, les sons A, I, ou O, dans tous les textes hiéroglyphiques ; le dernier (la chaîne) répond au ϩ (hori) des Coptes ; nous avons donc ici incontestablement l’orthographe hiéroglyphique des mots coptes ⲟⲟϩ (ooh), ⲱϩ (óh), et ⲓⲟϩ (ioh), qui expriment d’une manière spéciale l’idée Lune dans le dialecte thébain et le dialecte memphitique.

Ce mot phonétique est suivi, dans les deux stèles où il est reproduit cinq fois, d’un caractère déterminatif : le Croissant de la Lune renversé, ou le disque combiné avec le Croissant dont les cornes sont également tournées en bas ; ce qui ramène encore à l’idée du mois ou période lunaire. Enfin le nom hiéroglyphique du dieu Thoth (le deuxième Hermès) est lié, sur les deux stèles, au nom du Dieu-Lune, comme pour rappeler la liaison intime qui existait, dans les mythes égyptiens, entre ces deux divinités, que les monuments d’ancien style identifient par telle communauté d’attributs et de fonctions, qu’on est tenté de les considérer comme ne formant qu’un seul et même personnage mythique.

La légende hiéroglyphique, inscrite au-dessus de la première barque symbolique, signifie textuellement Ooh ou Ioh-Thôouti, Dieu grand, Seigneur suprême, Roi des Dieux ; celle de la seconde stèle porte seulement les mots Ioh-Thôouti, Dieu grand. Le titre de Roi des Dieux ne peut avoir été donné ainsi au dieu Pooh ou loh, que tout autant qu’on le considérait comme une des formes d’Amon-ra, le grand Démiurge.