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que les Égyptiens donnèrent au Dieu-Lune la tête d’un épervier, l’oiseau consacré au Soleil : voulant exprimer ainsi que la Lune est illuminée par le Soleil, et qu’elle reçoit de lui toute sa force vitale[1].

Le Dieu-Lune (planche 14 (F) bis) est représenté accompagnant Amon-ra, dans les fragments d’un papyrus du musée de Turin ; ce manuscrit était orné, à en juger par celles qui restent, de figures en pied, de sept pouces de proportion au moins, exécutées avec une très-grande recherche. C’est dans la même collection, vraiment royale, d’antiquités égyptiennes, que j’ai aussi reconnu la singulière image du Dieu-Lune, gravée dans la planche 14 (F) ter, à laquelle ce texte se rapporte.

Ici le dieu est figuré avec deux têtes d’épervier adaptées à un corps humain. Le disque entier et le croissant caractérisent l’astre que représente cette bizarre composition. La divinité, déployant ses ailes au nombre de quatre, appuie légèrement ses pieds sur les têtes de deux crocodiles. On a déja vu que ce terrible animal était l’emblème du temps, du lever et du coucher des astres ; que sous un autre rapport, il exprimait la fécondité. Il était donc, pour ainsi dire, inévitable de le trouver en contact avec les images du Dieu-Lune, de l’esprit recteur de l’astre qui, selon les Égyptiens, engendrait et entretenait toutes les choses nécessaires à la conservation de l’univers[2].

Cette représentation symbolique est sculptée au milieu d’une foule d’autres, sur la tunique d’une statue qui, comme le fameux torse du musée Borgia, présente un véritable Panthéon égyptien presque complet. La légende hiéroglyphique qui l’accompagne, nous apprend que c’est là l’image du Ⲟⲟϩ-ⲛⲥⲟⲩ ⲇⲣ ϥϩⲙ ⲛⲛⲛⲡⲏⲩⲑ, puissant Ooh-ensou qui est dans les cieux.

  1. Τοῦ δὲ ἱερακείου προσώπου, τὸ ἀφ’ Ἡλίου φωτίζεσθαι καὶ πνεῦμα λαμβάνειν. id., ibid.
  2. Horapollon, Hiéroglyph., liv. I, § 49.