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paraître, justifiés par les actions et le rôle que les mythes sacrés lui attribuaient. Ce dieu, dès l’origine des temps et avant l’organisation du monde physique, fut le seul des immortels qui comprit l’essence du Démiurge ou dieu suprême, et celle des choses célestes ; il déposa ces connaissances dans des livres qu’il voulut laisser inconnus jusqu’à la création des ames. C’est ce même dieu qui prépara la matière dont furent formés les corps de la race humaine ; il promit alors de rendre ces nouveaux êtres fort doux, et de leur inspirer la prudence, la tempérance, l’obéissance et l’amour de la vérité. Ce furent Osiris et Isis, pendant leur incarnation terrestre, qui firent connaître aux hommes la partie des livres d’Hermès Trismégiste, qui devait régler leur vie intellectuelle et physique. Il résulte enfin de la lecture attentive de ce curieux dialogue d’Isis et d’Horus, qu’Hermès n’est autre que l’intelligence divine personnifiée ; aussi ce dieu est-il appelé par le dieu suprême ou le Démiurge : Ame de mon ame (Ὧ ψυχής ἐμῆς ψυχή), Intelligence sacrée de mon intelligence (Νοῦς ἱερὸς ἐμοῦ νοῦ), et porte-t-il le titre de Πάντα νοῶν, Intelligens omnia[1].

Il résulte aussi de la comparaison des monuments et des divers écrits des anciens, que l’Hermès Hiéracocéphale et l’Hermès Ibiocéphale, ou, en d’autres termes, que le premier et le second Hermès, n’étaient qu’un seul et même personnage considéré sous deux points de vue différents : l’un, celui à tête d’épervier (voyez notre planche 15), auquel appartint plus spécialement le titre de Trismégiste, fut l’Hermès Céleste, l’instituteur des dieux, l’intelligence divine personnifiée ; l’autre, l’Hermès à tête d’Ibis, l’Hermès terrestre, l’instituteur des hommes, la raison ou l’intelligence humaine personnifiée. Ce dernier, comme l’Hermès Psychopompe des Grecs, exerçait aussi son pouvoir sur les ames humaines descendues dans l’Amenti ou enfer égyptien.

La légende habituelle du premier Hermès est celle qui accompagne son image (planche 15, no 1) ; son nom propre est formé des deux premiers caractères qui, dans les textes hiéroglyphiques, représentent tous deux les articulations grecques Θ ou Τ, et paraissent être l’orthographe

  1. Dialogue d’Isis et d’Horus, apud Stobæum, loc. cit.