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un faisceau composé de trois séries de triangles engagés par leur sommet les uns dans les autres. Ces triangles expriment soit la lumière ou bien cette rosée tombant du ciel, qui, selon Horapollon[1], était le symbole de la science ou de la doctrine, dont nous avons vu que Thôth trismégiste était le prototype.

Notre planche 15 (B) présente d’abord l’emblème du premier Hermès, tel qu’il est sculpté sur le couronnement de toutes les portes des temples. Cette composition, qui ne manque point d’une certaine grace, est d’ailleurs d’un très-bel effet. Les ailes sont étendues horizontalement, et les uræus flanquent le disque ; ce même symbole se voit aussi retracé à la partie supérieure de bas-reliefs représentant des scènes religieuses et mythiques[2], ou sur les plafonds des temples, et des portes des grands édifices[3].

Mais il arrive très souvent que cet emblème est très-simplifié et perd une grande partie de son volume et de ses décorations ; c’est lorsqu’il est représenté comme protecteur, planant, ainsi que le vautour de Néith[4], au-dessus de la tête des rois figurés sur les bas-reliefs. Le no 4 (de la planche 15 (B)) est au-dessus d’un roi peint à Ombos sous la forme d’un sphinx ; on n’a copié que le dernier cartouche de sa légende, contenant les seuls titres, Vivant toujours chéri de Phtha et d’Isis[5]. Dans le petit temple du sud à Karnac, l’emblème de Thoth (no 2) surmonte la tête du roi Ptolémée Évergète II, sculpté en bas-relief dans l’intérieur de la chapelle qui contenait l’image symbolique de la divinité du temple[6]. Le no 1, suivi du titre seigneur de la région SA…, est sculpté au-dessus du roi Philippe-Aridée, dans les appartements de granit, à Karnac[7] ; enfin, parmi les décorations de la porte du sud à Dendéra, le globe, no 3, se montre au-dessus de la tête d’un roi Lagide ou d’un empereur romain, dont on n’a point copié la légende, et qu’il est par conséquent impossible de bien déterminer. Les têtes des deux uræus, dont les queues s’unissent et se confondent de manière à présenter l’idée d’un serpent amphisbène, sont décorées des coiffures de la domination sur les deux grandes régions du monde ; au-dessous du disque, et dans l’espace circonscrit par les corps des uræus, est la légende du premier Hermès Thôth ou Thath, Dieu grand, Seigneur suprême. Cette légende est entièrement semblable à celle qu’on trouve

  1. Hieroglyphica, lib. I, §. 37.
  2. Description de l’Égypte, A., vol. III, pl. 34, no 1.
  3. Idem., A., vol. III, pl. 50, no 2.
  4. Voyez notre planche 6 quater, et son explication.
  5. Description de l’Égypte, A., vol. I, pl. 41, no 4.
  6. Idem., A., vol. III, pl. 59.
  7. Idem., A., vol. III, pl. 34, no 1.