Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/98

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clairement indiquée par le texte hiéroglyphique de la stèle de Rosette. Là où le texte grec emploie les verbes Διαμένω, permaneo, perduro, et Νομίζω, lege sancio, dans le sens passif lege constituor, le texte hiéroglyphique porte l’image redoublée du Nilomètre[1], et le texte démotique présente, aux deux points correspondants, un groupe de signes qui, dans divers autres passages de l’inscription, répond aux verbes du texte grec, καταστησαμένου, καταστήσασθαι, μένειν, διατετήρηκεν[2]. Il est incontestable, d’après tous ces rapprochements, que l’objet, dit le Nilomètre, exprime, quel qu’il soit, dans l’Écriture sacrée, les idées, établir, rendre stable, stabilité, conservation, coordination ; or, ces idées sont essentiellement liées à celle du dieu Phtah, l’organisateur et l’ordonnateur du monde matériel et de l’état social.

On reconnaît, en effet, dans la divinité ayant un Nilomètre pour tête, représentée sur notre planche 16, et calquée sur les dessins du tombeau royal de Thèbes, découvert par M. Belzoni, la coiffure emblématique, le sceptre, le fouet, et la tunique blanche que porte le dieu Phtah sur des monuments déja cités[3]. Aussi, cette singulière divinité est-elle nommée Phtah-Sokari dans la légende qui l’accompagne sur une momie de la collection de M. Durand. Dans le bas-relief du tombeau royal, son nom (pl. 16, légende no 1), formé du Nilomètre et des signes d’espèce dieu, est symbolique, et doit se traduire par Dieu stabiliteur ; ce nom divin est accompagné du titre Père des Dieux, qui est particulier au dieu Phtah, comme nous l’avons déja dit[4].

  1. Inscript. de Rosette, texte grec, lignes 36 et 47, texte hiéroglyph. lign. 6 et 10.
  2. Idem, texte démot. lig. 1, 7, 9, 19 ; texte grec, lig. 1, 11, 33 et 36.
  3. Voyez ci-dessus, pl. 8, no 6, et pl. 9.
  4. Idem, pl. 13 et son explication. Le dieu est parfois représenté par un Nilomètre, auquel sont adaptés deux bras humains tenant les insignes de la divinité (voyez la Description de l’Égypte, Ant., vol. II, pl. 84, no 5.) Nous verrons dans la suite qu’Osiris fut aussi figuré, comme Phtah, sous la forme d’un Nilomètre ; les légendes seulement distinguent alors ces dieux l’un de l’autre.