Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/340

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pour la formation de la langue égyptienne parlée. Dans la partie purement idéographique de leur écriture sacrée, les Égyptiens ne purent éviter de recourir aussi à cette méthode symbolique ou comparative ; ils cherchèrent donc naturellement à exprimer les idées d’objets tout-à-fait intellectuels et sans formes sensibles, par les images corporelles présentant des rapports plus ou moins réels, plus ou moins éloignés, avec l’objet de l’idée qu’il s’agissait de noter. Les signes créés d’après cette méthode enrichirent l’écriture hiéroglyphique d’un nouvel ordre de caractères que nous nommerons, avec les anciens, caractères symboliques ou tropiques, et qui répondent à-peu-près aux caractères Hoéï-í et Kià-tsiéï de l’écriture chinoise.

51. Dans la détermination des signes symboliques ou tropiques, les Égyptiens procédèrent principalement :

1.o Par synecdoche, en se contentant de peindre la partie pour exprimer un tout. Ainsi, deux bras tenant un trait et un arc signifiaient une bataille, une armée rangée en bataille[1] ; deux bras élevés vers le ciel, une offrande[2] ; un vase duquel s’échappe de l’eau, une libation[3] ; une cassolette et des grains d’encens, une adoration[4] ; un homme lançant des flèches, un tumulte, un attroupement populaire[5].

  1. Horapollon ; liv. II, hiéroglyphe n.o 4.
  2. Voyez notre Tableau général, n.o 308 a.
  3. ibid. n.o 308 b.
  4. ibid. n.o 308 c.
  5. Horapollon, liv. II, hiéroglyphe 12.