Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/369

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et nous avons vu aussi que le signe hiéroglyphique de la consonne L, le lion couché, représentait indifféremment le et le des noms et des mots grecs, et qu’à leur tour, les signes hiéroglyphiques de la consonne R, la bouche et ses homophones, représentaient parfois aussi la consonne L.

4.o Enfin, les signes hiéroglyphiques des voyelles ont une valeur tellement vague, qu’ils se permutent presque indifféremment les uns pour les autres, un même caractère exprimant dans diverses occasions les voyelles E, H ou I, et un autre les voyelles A, E, O ou Ω ; de leur côté, les dialectes diffèrent sur-tout par la permutation constante de ces mêmes voyelles.

Avec de telles nuances dans la prononciation de certains caractères phonétiques, il arriva nécessairement qu’un même texte hiéroglyphique pouvait être lu sans difficulté par trois hommes parlant chacun un des trois dialectes de la langue égyptienne : ce fait nous a paru digne de quelque attention.

88. On ne peut d’ailleurs douter un seul instant que les Égyptiens ne se soient jadis servis d’un alphabet dont les signes vocaux étaient fort vagues, et qu’ils n’aient eu aussi l’habitude de supprimer, en écrivant, la plupart des voyelles médiales ; il suffit de jeter les yeux sur les textes coptes thébains, c’est-à-dire, sur les textes égyptiens écrits en lettres grecques : on y remarque en effet encore la suppression habituelle de certaines voyelles médiales ; on y trouve plusieurs mots écrits sans une seule voyelle et avec des consonnes seulement,