Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/372

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homophones qu’ils étaient les maîtres d’employer, ceux qui, dans leur forme, représentaient des objets physiques en relation directe ou conventionnelle avec l’idée signifiée par le mot dont ces mêmes caractères servaient d’abord à exprimer la prononciation.

Ainsi, par exemple, ils auraient de préférence exprimé le du mot ⲥⲓ ou ⲥⲉ (si, sé), fils, enfant, rejeton, nourrisson, par le caractère ovoïde[1], parce qu’il représente un germe, une graine, une semence, en langue égyptienne ⲥⲓϯ (siti), ou un grain de froment, ⲥⲟⲩⲟ (souô) ; dans le groupe ⲥⲉ se ou ϣⲉ sché[2], qui a la même valeur, ils auraient employé l’oie ou chénalopex, parce qu’ils avaient remarqué, selon Horapollon, que cet oiseau avait une très-grande tendresse pour ses petits : Υἱὸν δὲ βουλόμενοι γράψαι Χηναλώπεκα ζωγράφο‍υσι, τοῦτο γὰρ τὸ ζῶον Φιλοτεκνώτατον ὑπάρχει. « Voulant écrire fils, les Égyptiens peignent un chénalopex, parce que cet animal aime beaucoup ses petits[3]. »

Dans le nom propre phonétique du dieu Ⲛⲟⲩⲃ (Noub), le Chnubis des inscriptions grecques, les Égyptiens rendirent, 1.o l’articulation B par le bélier, plutôt que par ses homophones, la cassolette ou bien la jambe, parce que le bélier était lui-même le symbole du dieu Chnubis qui, sur les monumens, en emprunte la tête ; 2.o l’articulation N par un vase, plutôt que par

  1. Tableau général, n.o 257.
  2. Ibid. n.o 251.
  3. Horapollon, liv. I, hiéroglyphe 53.