Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/453

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NOTE répondant à la Page 331.


Nous insérons ici une lettre que M. Letronne nous a écrite : les aperçus nouveaux qu’elle renferme complètent la traduction et le commentaire du texte des Stromates, que ce docte académicien a bien voulu faire sur notre demande.

Monsieur,

Lorsque vous m’avez consulté sur le sens du passage de Clément d’Alexandrie, j’étais au moment de partir pour un voyage, et je n’eus pas le temps d’approfondir plusieurs des circonstances de ce texte si remarquable, ni de joindre au commentaire que je vous en ai donné des observations sur d’autres textes qui me paraissent relatifs à l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques, que vous nous avez fait si bien connaître. Je vais suppléer à ce que le temps ne m’a pas permis de faire alors.

Tout le monde s’était accordé à voir trois genres principaux d’écriture égyptienne dans le passage de Clément d’Alexandrie : mais la division qu’il donne des diverses espèces d’écriture hiéroglyphique, n’avait pas été nettement aperçue et distinguée ; on peut facilement, je crois, concilier le témoignage de ce savant Père de l’Église, avec celui des autres écrivains anciens.

Au lieu de trois genres d’écriture égyptienne, Hérodote et Diodore n’en comptent que deux : l’un qu’ils appellent lettres vulgaires[1] ; l’autre qu’ils nomment caractères sacrés (ἱερά). Ils sont tous deux entièrement d’accord avec l’inscription de Rosette, où l’on ne peut soupçonner aucune erreur à cet égard, puisqu’elle a été rédigée sous les yeux des prêtres égyptiens eux-mêmes : ce monument célèbre ne fait mention que de deux genres de caractères, les uns dits ἐγχωρια nationaux (par opposition à ἐλληνικά), identiques avec les δημοτικά, ou δημώδη γράμματα d’Hérodote et de Diodore ; les autres appelés ἱερά, sacrés.

Toute la différence qui se trouve entre ces trois témoignages et

  1. Herod. II, 36. — Diod. Sic. III, 3, δημοτικά ou δημώδη (γράμματα).