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lettres de l’alphabet. Dans la traduction donnée ci-dessus (page 329), on lit simplement les lettres de l’alphabet. Cette différence, qui ne porte point sur le sens général de la définition, tient à ce que le mot πρώτων me paraît maintenant susceptible d’un autre sens que celui que je lui avais donné sur un premier aperçu.

Il me paraît de plus en plus certain que les mots κυριολογικὴ διὰ τῶν πρώτων στοιχείων ne peuvent désigner que les hiéroglyphiques phonétiques ; car toutes les parties de cette définition s’y appliquent parfaitement.

D’abord, le mot κυριλογική, comme je l’ai dit (p. 330), indique que ce genre d’écriture exprimait les objets d’une manière propre, non métaphorique, ni figurée. C’est là le caractère que présentent les hiéroglyphes phonétiques comparés aux autres hiéroglyphes.

En second lieu, de quelle manière les exprimaient-ils ? Au moyen de signes que Clément appelle στοιχεῖα : or, ce terme est le mot propre en grec pour désigner les caractères alphabétiques. Ainsi la traduction littérale de κυριολογικὴ διὰ τῶν στοιχείων serait, servant à exprimer au propre les objets par les caractères alphabétiques : cette analyse est rigoureuse. Vient ensuite une circonstance particulière : Clément d’Alexandrie ne dit pas seulement διὰ τῶν στοιχείων, ce qui suffirait pour désigner en général les lettres de l’alphabet ; il dit διὰ τῶν πρώτων στοιχείων, littéralement, par les premières lettres alphabétiques ; c’est une expression remarquable qui me semble pouvoir être éclaircie, au moyen d’un passage des Symposiaques de Plutarque, où cet auteur fait dire à Hermias, un de ses interlocuteurs : « Entre tous les nombres, celui que l’on consacre principalement à Hermès est la tétrade : beaucoup d’auteurs racontent, en effet, qu’il est né le quatrième jour d’un mois commençant ; la tétrade multipliée quatre fois donne les premières lettres, appelées phéniciennes, à cause de Cadmus : de celles qui ont été découvertes ensuite, Palamède en ajouta d’abord quatre, et Simonide, plus tard, quatre autres[1]. »

Il résulte clairement de ce passage, que τὰ πρῶτα στοιχεῖα désigne les xvi lettres (quatre fois quatre) apportées par Cadmus, pour les distinguer des huit autres qui furent inventées (έφευρεθέντα) plus tard, et

  1. Ἑρμεῖ δὲ μάλιστα τῶν ἀριθμῶν ἡ τετρὰς ἀνάκειται· πολλοὶ δὲ καὶ τετράδι μηνὸς ἰσταμένου γενέσθαι τὸν θεὸν ἱστοροῦσι· τὰ δὲ δὴ ΠΡΩΤΑ, καὶ Φοινίκεια διὰ Κάδμον ὀνομασθέντα, τετράκις ἡ τετρας γενομένη παρέσχε· καὶ τῶν αὖθις ἐφευρεθέντων δὲ, Παλαμήδης τε πρότερος τέτιαρα, ϰαὶ Σιμονίδης αὖθις ἄλλα τοσαῦτα προσέθηκε.. Plut., Symp. IX, 3, tom. VIII, pag. 945, Reiske. J’observe