Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 40 )

Si le texte hiéroglyphique de Rosette nous fût parvenu dans toute son intégrité, la question que nous examinons ici aurait été décidée à la première vue. Dans son état actuel, ce texte ne porte plus que le seul nom propre Ptolémée ; si nous y avions retrouvé écrits en hiéroglyphes phonétiques et entourés d’un cartel, les noms propres d’individus étrangers à la famille royale, tels qu’Aëtès, Diogène, Aréia, Irène, Pyrrha, &c. mentionnés dans le texte démotique et dans le texte grec, on aurait eu le droit, au moins apparent, de supposer que ce cartouche ou encadrement elliptique, commun à tous ces noms propres, n’était là que pour indiquer la nature phonétique des signes qu’il embrassait dans son contour.

Mais on n’a point assez considéré, dans l’examen de ces questions, qu’il ne pouvait en être ainsi, puisqu’on trouve des cartouches sur des monumens, tels que tous les grands obélisques de Rome, par exemple, qui sont bien certainement antérieurs à la domination des Grecs et des Romains en Égypte, et qui sont dus à la munificence des anciens Pharaons ; et qu’en persistant à croire, d’un côté, que l’encadrement elliptique renferme toujours des caractères phonétiques, on ne peut soutenir de l’autre, en même temps, comme on le voudrait faire, que l’écriture phonétique ne remonte point jusqu’à l’époque des rois de race égyptienne : cette contradiction rend donc fort douteux, pour le moins, que le cartouche fût la marque ordinaire des groupes phonétiques.