Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/83

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Je ne vois qu’une seule objection à faire contre cette conséquence : ce serait de supposer que, dans ces textes égyptiens, les caractères, étant idéographiques, ne se permutent ainsi que parce qu’ils expriment la même idée.

Mais on se demanderait alors dans quel but les Égyptiens auraient inventé et employé simultanément cinq, six, huit, dix ou quinze caractères divers pour exprimer précisément la même idée : car il faut que ces signes expriment exactement la même idée, puisque, employée comme phonétiques à la transcription des noms propres étrangers, ces mêmes signes expriment précisément aussi la même voyelle ou la même consonne.

Chez les Chinois, nous voyons, il est vrai, un nom propre ou un mot étranger transcrit par le moyen d’une foule de caractères différens et en réalité idéographiques, lesquels n’apportent néanmoins que leur prononciation seule dans la transcription du nom étranger. Mais cela s’explique bien naturellement ; un seul et même monosyllabe sert très-souvent de prononciation à une foule de caractères chinois, qui expriment cependant des idées bien distinctes. Il était donc indifférent à la Chine d’employer tel caractère idéographique ou tel autre, puisque leur prononciation est absolument la même, quoique leur sens n’ait souvent aucune analogie. Pouvait-il en être de même en Égypte ? La constitution intime de la langue parlée s’y opposait invinciblement : chaque monosyllabe égyptien n’exprime