Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/86

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ΡΙΟ dans Τιβεριος, et ne serait cependant qu’un simple Ρ (rho) dans γεΡμανικος et à la fin d’ΑυτοκρατωΡ.

Puisque tous les caractères phonétiques seraient soumis à d’aussi fortes variations si l’on persistait à les considérer comme syllabiques, et puisque encore ils n’expriment évidemment, dans une foule de noms propres, qu’une simple consonne ou une simple voyelle, j’ai dû en conclure que les Égyptiens écrivaient à la manière des Arabes, c’est-à-dire que leur alphabet était formé de signes qui représentaient réellement des consonnes, et de quelques caractères voyelles qui, comme l’élif ا, le waw و et le ya ى des Arabes, n’avaient pas un son invariable, et se permutaient dans certains cas.

Un second fait démontre mieux encore que l’alphabet égyptien n’était point syllabique : j’ai observé que les noms propres étrangers sont écrits, tantôt seulement avec des signes qui ne répondent jamais qu’à des consonnes, et tantôt, toujours sur les mêmes monumens, avec une addition de plusieurs signes qui répondent invariablement à des voyelles.

À Philæ, par exemple, le nom de Tibère est écrit tantôt ΤΒΡΣ, tantôt ΤΒΡΙΣ et enfin ΤΙΒΡΙΣ.

Le mot Καισαρ ou Καισαρος est orthographié ΚΣΡΣ, ΚΙΣΡΣ, ΚΙΣΑΡΣ, ΚΑΙΣΡ, ΚΑΙΣΑΡΣ.

Le titre Αυτοκρατωρ, ΑΥΤΚΡΤΡ, ΑΥΤΟΚΡΤΡ, ΑΥΤΟΚΡΤΟΡ.

À Dendéra, le nom de Claude est écrit ΚΛΤΙΣ, ΚΛΤΙΟΣ, ΚΛΟΤΙΣ.