Page:Champsaur - Lettres d’amour, 1888.djvu/5

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(Lettre qui accompagnait une aquarelle, signée : Georges Decroix, représentant Mme  de Sergy en clownesse, — petits souliers et maillot d’azur semé d’étoiles, justaucorps rouge à crevés, cheveux d’or jaune et, à l’extrémité de la houppe, un papillon bleu — Mme  de Sergy, la marquisette, dansant au cirque Molier, sur une selle de panneau, au trot d’un magnifique cheval alezan normand :)

Je veux, au jour critique,
Dire un mot de regret
Et, par acte authentique,
Te léguer ce portrait.
Puis une mèche blonde,
Un long baiser de feu.
Qu’à ton cœur il réponde,
Ce rien qui parle un peu.

Laure.
Maison Rose, 29 septembre.

Je suis un peu pressée. Mais j’ai besoin de te l’écrire : j’ai trouvé que tu sentais bien bon.

Laure.
Paris, 1er  octobre.

Pas de nouvelles. Pas de courrier hier ni aujourd’hui.

Que faites-vous, monsieur ? Y a-t-il dans votre chemin quelqu’un qui vous captive assez pour me faire oublier ? Êtes-vous retombé dans vos bizarreries et inégalités de caractère ? Pour moi, je ne peux pas en avoir de semblables. Enfin, je suis fâchée, mais toute prête, mon ami, mon amant, à faire ce que vous voudrez.

Votre petite
Miss Crampon.
Paris, 3 octobre.

Adieu, avec un profond souvenir du cœur, Marie de Magdala, à qui on donne l’amour sans confession.

À plus tard, amie.

Jacques.
Paris, 4 octobre.

À plus tard, amie. Rien de plus triste. Je savais bien que vous n’étiez dans ma vie qu’un feu follet. Vous me donnez de mauvaises raisons, enveloppées dans des compliments ou des regrets, comme vous m’avez donné votre temps perdu. Votre amie a un tout petit estomac ; elle ne peut ni avaler ni digérer tout ce qu’on lui offre. Une fois pour toutes, le passé est bien fini, je n’entendrai plus parler de vous. Vous m’avez envoyée une fois encore aux calendes grecques. Laissons ce cruel