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ESCLAVE AMOUREUSE

j’en ai assez de notre vie commune… tu es libre… je ne t’aime plus… »

Cette scène horrible se déroula dans la chambre où l’amour le plus exacerbé, le plus passionné, les avait si souvent tenus enchaînés à ses voluptés.

C’était affreux le spectacle de cette lâcheté en face de cette douleur.

Lucette se traînait à ses pieds, versant des larmes, s’accrochant à lui, se cramponnant dans un ultime effort.

— Mon Max… mon Max… que t’ai-je fait ?… la colère t’aveugle… il ne faut pas que tu me rejettes ainsi, comme une épave…

Il était insensible, inexorable.

Espérant encore que tout n’était pas fini, qu’il s’apaiserait, qu’il se sentirait criminel… elle ne l’insultait pas et ne maudissait point la misérable rivale qui lui prenait cet homme, le sien.

N’ayant pu le fléchir, elle se redressa, bondit sur lui, comme un fauve en furie, lui griffa le visage, lui mordit les mains, et ce ne furent plus des pleurs, ni des sanglots, ni des cris… ce fut un hurlement de bête blessée, un hurlement prolongé dont l’écho ne s’arrêta qu’après la porte refermée.

 

Son amour se changeait en haine.