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ESCLAVE AMOUREUSE

décision soudaine. Et Bodewski accourut.

— Qu’y a-t-il ? que s’est-il passé ?

Elle lui raconta brièvement son existence tourmentée. Sans plus d’amour-propre, lâche, d’une lâcheté allant à l’encontre du caractère féminin, elle avait appelé à elle celui qu’elle détestait. Au lieu de le fuir, elle lui demandait protection.

Et le Russe paraissait heureux, orgueilleux, sûr de lui et d’elle, ne cessait de se féliciter intérieurement de son prestige et de sa puissance.

— Vous l’aimiez, ce mari, n’est-ce pas ?

— Ces sentiments-là ne vous regardent pas.

— Je ne pourrais donc jamais vaincre vos petites illusions.

— Je n’ai plus d’illusions.

— Oh ! oh ! déjà ! Vous avez à peine vécu.

— J’ai vécu suffisamment pour connaître les hommes.

— Vous les détestez je parie.

— Oh ! oui, je les déteste.

— Alors… expliquez-moi… pourquoi m’avez-vous écrit ?

— Je ne sais pas… c’était plus fort que moi… vous aviez commencé votre œuvre…

— Il fallait la continuer… Le souvenir d’une fessade m’a servi davantage que toutes les déclarations enflammées que j’aurais pu vous faire.