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ESCLAVE AMOUREUSE

Mais si Lucette se refusait, se moquant de l’amant, le faisant à son tour souffrir, elle ne serait plus une flagellée, elle deviendrait une flagellante.

Oh ! elle n’est pas de ces amoureuses apeurées, fragiles. Elle dira pas, répétant la mélopée plaintive :

— Pourquoi de frapper puisque je suis faible ?

« Tes mains me font mal.

« J’ai la chair meurtrie et du sang aux dents.

« Ta colère, je ne la veux pas.

« Je redoute ton sourire car il est perfide et méchant.

« Laisse-moi t’aimer sans bruit, et ne sois pas jaloux.

« Je te hais à force d’amour.

« Lorsque je serai nue dans tes bras, tu n’auras plus de rage.

« Tu seras confus et repentant comme un enfant qui demande pardon. Je suis belle, tu le sais, et j’ai pour toi les voluptés que tu désires.

« Quand le plaisir te tentera, tu viendras vers moi, comme un chien battu, pour implorer le baiser qui t’est dû.

« Ne me bats plus.

« Ne me fais plus pleurer.

« Ne me fais plus souffrir.

« Je t’aime. »