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ESCLAVE AMOUREUSE

Elle n’a certes point lu, cette enfant, ces phrases qui l’édifieraient et lui feraient comprendre pourquoi Max agit de la sorte envers elle :

« L’idée seule de sentir un être à vous, comme le cheval que vous achetez, vous fait du bien. Le cheval, on l’a, on le monte, on le frappe, on le cravache, on lui tourne le mors dans les dents, on pèse sur lui de tout son poids, en lui faisant sentir sa supériorité, on le martyrise, il ne peut que gémir, s’emporter, se plaindre en son langage, et puis… il faut bien qu’il obéisse… »

Instinctivement lascive, elle caresse sa chair tressaillante.

Elle sait maintenant pourquoi les hommes perdent la raison et deviennent brutaux et lâches.

Les romans qu’elle a feuilletés lui paraissaient invraisemblables et aujourd’hui elle les comprend.

Un jupon, une chemise soulevée sont les excitants du désir, mais frapper ces formes graciles est, à ses yeux, inexplicable barbarie.

Elle va, dans sa chambre, cambrant ses reins, levant la tête, jouissant de sa splendide nudité, comme une vierge prête à se donner comme une déesse triomphante.

Voici la nuit qui vient…

C’est l’heure des lumières… Il faut qu’elle se rhabille en hâte, car on trouverait son absence trop