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ESCLAVE AMOUREUSE

force sur elle, il en a ressenti de la révolte.

Aux instants où ils se trouvaient seuls, en tête-à-tête, il lui disait, la regardant dans les yeux : « Plus tard, nous nous rattraperons Lucette… vous m’avez promis d’accepter tout de moi ! »

Et elle lui répondait : « Oui… mais quand ? »

Il ne craignait plus de rivaux, il mettrait tout en œuvre pour s’approprier cette femme, qui d’avance s’était donnée.

Mais quand ?

Or, la destinée fut cruelle à Lucette.

Une catastrophe imprévue s’abattit sur elle.

M. du Harlem ayant engagé toute sa fortune dans une entreprise industrielle, la perdit brusquement.

C’était la ruine, la faillite, le déshonneur.

Ne pouvant envisager de sang-froid ce malheur, il se tua.

Et quelques semaines plus tard, sa femme accablée de douleur le suivait dans sa tombe.

Lucette restait seule, comme une épave, à la merci des cruautés de la vie ; seule, sans protection, et presque sans ressources, obligée de travailler pour vivre, dans ce Paris sans pitié pour les infortunes et pour les détresses.

Le chagrin qui meurtrissait son cœur était à ce point immense qu’elle était sans énergie, sans force, sans volonté.