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ESCLAVE AMOUREUSE

sous celle de leurs maîtresses, Lucette était déjà dans un état de servitude sexuelle. Elle atteignait maintenant à l’apogée de cette servitude, car elle tenait à lui, elle abdiquait toute liberté, toute pudeur, chassait tout remords, se livrait aux mille désirs de ce tyran adoré.

Elle comprenait que pour le conserver, pour qu’il ne l’abandonnât point, ainsi meurtrie, il fallait qu’elle restât là, sous la cravache, sans révolte.

De révolte elle n’en pouvait avoir puisqu’elle-même désirait, implorait le supplice, la torture dont elle ressentait, à cause de son amour insensé, une incomparable jouissance.

Et lui l’aimait de la voir ainsi obéissante. Et s’il la battait, c’était par passion vicieuse autant que par amoureuse affection.

Ses regards ne pouvaient se détacher de ce corps brisé, marqué de taches rouges presque violettes.

Lui le premier il avait martyrisé cette femme si jolie, si harmonieuse et si pure. Mais il ne voulut pas prolonger ce supplice. Il jeta loin de lui le fouet et s’approcha de sa victime.

— Mon amie, que vous étiez belle !

— Je souffre… je souffre… mais c’est de la souffrance que j’aime, car je vous aime.

Sur ce lit, étendue, elle semblait anéantie.

La réaction la faisait s’évanouir peu à peu, car