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Page:Chansons de l Escalade, Geneve, Jullien, 1845.djvu/29

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59

I desivé : "La poura matenaye !
Ma noblessé sara désonoraye
D’eitre passa pè la man dé cortio,
Ancora pi, pé cela du borrio.

60

Que dera-t-ai, celi gran rai de France,
Lou Hollandai et le prince d’Orange !
Que deront-ai ancora luos Angloi !
I se riron du gran Duc de Savoi !

61

Ze sai surprai d’onna granda tristesse
D’avai perdu la flieur de ma noblesse.
Le cœur me fau, vegni me secori,
Aporta-mé on pou de rossoli.

62

M’enfrémerai to solet dan ma sambra:
La vergogné n’an sara pas se granda;
Ze frémerai la pourta du sâté,
Qu’on ne verra zin de zeur à travé.

63

Iqué dedian, ze farai pénitance :
De tranta zeur ne mézerai pedance,
Segno qu’y sai dé ravé u barbo,
Trémé de tiu avoi dés escargo."

64

Soissante-cha teite is on lassia
Que le borrio a copa et transsia,
Pè lé bouta su dou u trai tiévron,
Pè lé montra à celeu que veudron.

65

On vo dera que tota la preitraille,
Prè de Tonon, u covan de Ripaille,
Y firon lai leu conspiracion,
Mai le bon Di ronpi leu trahison.

66

Il a fai vi qu’avoi on pou de paille
I povivé ranvarsa la canaille
Que vegnivé profana son Sain Non,
Et se moqua de la religion.

67

Pè sous anfan il a de la tandresse,
A bin volu se bouta à la brèche
Et ranversa lous ennemi mordan
Que vegnivon fare lous arrogan.

68

Dedian sa man il y tin la victoire,
A lui solet en démure la gloire.
A to zamai son Sain Non sai begni !
Amen, amen, ainsi, ainsi soit-y !


59. Il disait:La triste matinée ! ma noblesse sera dèshonorée d’être passée par la main des courtauds et pis encore, par celle du bourreau.

60. Que dira-t—il ce grand roi de France, les Hollandais et le prince d’Orange ; que diront-ils encore les Anglais ! Ils se riront du grand duc de Savoie.

61. Je suis surpris d’une grande tristesse d’avoir perdu la fleur de ma noblesse ; le cœur me manque, venez me secourir ; apportez—moi un peu de rossoli.

62. Je m’enfermerai tout seul dans ma chambre ; la honte n’en sera pas si grande ; je fermerai la porte du château de façon qu’on ne voie point de jour à travers.

63. Là—dedans je ferai pénitence ; de trente jours je ne mangerai pitance, sinon des raves au barbet mêlées de choux avec des escargots.

64. Ils ont laissé soixante-sept têtes que le bourreau a coupées et tranchées, pour les mettre sur deux ou trois chevrons, pour les montrer à ceux qui voudront.

65. On vous dira que toute la prétraille au couvent de Ripaille, prés de Thonon, firent la leur conspiration ; mais le bon Dieu rompit leur trahison.

66. Il a fait voir qu’avec un peu de paille il pouvait renverser la canaille, qui venait profaner son saint nom et se moquer de la religion.

67. Pour ses enfants il a de la tendresse; il a bien voulu se mettre à la brèche et renverser les ennemis acharnés qui venaient faire les arrogants.

68. Dans sa main il tient la victoire, à lui seul en demeure la gloire. Son saint nom soi béni à tout jamais ! Amen, Amen. Ainsi soit-il !


Peuple Genevois, (antique sur la délivranœ de l’llmlado, fait le lroisième jour d’après. Sur le chant : Séché de douleur, etc. 1 Peuple Genevois. Élève ta voix Pour psalmodicr De Dieu l’assistance Et la délivrance Que vis avant—hier. 2 Lorsque Dieu frappa Et qu’il dissipe Les conseils divers De cette rand’brigue Qu’avoit ait la Ligue Et tous ces pervers. - » — » HMOH° <’<° 3 Rompant le dessein. Trop fier et hautain De ce Savo a : d, Qui plein e bravadc Donna l’escalade Posant le petard, 4 Qui fit le pertuis. Au milieu de l’huis De cette maison ou voulaient d’entrée Par cette contrée Mettre garnison. 5 Furieux entrans Jus ues à deux cents Par essus le meur. Crians : Vive Espagne ! Que la porte on gagne Sans aucune peur. 6 Mais le Dieu d’en haut, Qui jamais ne faut, Point ne sommeilloit, Ouvrit sa main forte, Et ferma la porte, Montrant qu’il veilloit. ’7 Pour vous, mes amis. Qu’étiez endormis. De uis soixante ans. De ans la paresse, Qui ores vous presse. D’être vigilans. 8 L’épée à la main. Le ieu Souverain. Pour votre bonheur. De cette vermine Glaça la poitrine. Lui ôtant le cœur.