Page:Chantavoine - Le Poème symphonique, 1950.djvu/17

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« paraphrases » sur les opéras en vogue n’étaient pas de simples « pots-pourris », mais cherchaient à résumer les caractères essentiels de l’œuvre entière. Autant de matériaux et d’ébauches, souvent déjà de haute valeur en eux-mêmes, d’où sortit la série des « Poèmes symphoniques[1] ».

En constituant avec tant d’éléments divers, voire disparates, le genre du poème symphonique, Liszt ne prétendait ni le définir en théorie ni le fixer en pratique. C’est pourtant ce qu’il a fait par le caractère des siens et, puisqu’on lui doit le mot et la chose, c’est à la chose qu’il convient de demander le sens du mot.

À cet effet, il faut soumettre les douze Poèmes symphoniques à un classement qui, au hasard de leur suite chronologique, substitue un ordre où leur unité essentielle ressorte de leur diversité et qui, marquant une ascension du concret à l’abstrait, y montre l’épanouissement de ce symbolisme qui les inspire et les anime.

Le plus proche de la simple narration musicale, du récit pittoresque, de la description sonore, serait la Bataille des Huns, qui peint une mêlée guerrière. Deux autres, Le Tasse et Mazeppa, évoquent des destinées personnelles, historiques, par des épisodes également descriptifs, le bal du Tasse, la chevauchée et la marche de Mazeppa. C’est encore une destinée individuelle ; quoique légendaire ou imaginaire, que retracent Hamlet et Prométhée, mais sans mettre en relief aucune scène particulière et en se bornant à l’expression plus générale d’un caractère. Après les destinées individuelles, ce seront des destinées nationales dans Hungaria et l’Héroïde funèbre, celle-là avec un fort accent de couleur locale et de particularisme, celle-ci évoquant sans acception de

  1. En voici les titres : 1o Ce qu’on entend sur la montagne (d’après Victor Hugo) ; 2o Tasso (Lamento e trionfo) ; 3o les Préludes (d’après Lamartine) ; 4o Orphée ; 5o Prométhée ; 6o Mazeppa (d’après Victor Hugo) ; 7o Fest-Klange (Bruits de fête) ; 8o Héroïde funèbre ; 9o Hungaria ; 10o Hamlet ; 11o la Bataille des Huns (d’après Kaulbach) ; 12o les Idéals (d’après Schiller).