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V E T

François. Les gens qui s’impatientent de n’en point voir, parce qu’il y a quatre mois qu’on a fait les envois, ces gens, dis-je, ne raisonnent pas, ou ignorent que ce n’est pas à Paris, où la main-d’œuvre coûte trop, que ces écus se frappent, mais dans nos villes frontieres, telles que Limoges & autres ; qu’il faut du temps pour l’aller & le revenir ; qu’enfin on ne peut pas tarder à les voir arriver. Alors dans cette taverne si célebre où l’on vend l’argent au poids de l’or, les brocs reprendront la place des sacs ; par-tout, tout reprendra, se vivifiera par cette circulation de beaux écus. Il est vrai qu’il y a une forte demande pour l’Angleterre, qui nous envoie en échange une longue liste de mots constitutionnels ; mais nos nouvelles municipalités, qui tiendront plus à l’argent qu’aux mots, auront le plus grand soin que la demande ne soit point expédiée.

VETO : encore un mot latin qui ne vaut gueres mieux que celui de déficit. Un journaliste a observé que nous n’étions pas heureux en affaire avec les Latins lorsque nous leur empruntions , qu’un de ces trois mots unigenitus, déficit & veto eût été seul capable de bouleverser la France. L’unigenitus est mort il y a long-temps, & nous en rions. Il n’en est pas de même du déficit, il pourra nous jouer quelque mauvais tour. Quant au veto, graces aux patriotes qui lui ont fait tête, il n’est entré en France que sous condition.

Veto signifie je défends ; je m’oppose à ce