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Page:Chantreau - Dictionnaire national et anecdotique - 1790.djvu/16

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Voyez cet appendice à la fin de cet ouvrage.

ABBÉ : au propre, c’étoit, il y a mille ans le supérieur, ou plutôt le chapelain d’une communauté de cénobites, qui faisoient vœu de vivre en commun du fruit de leur travail. Ces cénobites s’appelloient moines ; le nom est resté, mais l’espece a changé.

Abbé : dans l’acception ci-dessus, prise au figuré, désigne depuis plusieurs siecles un homme qui vit aux dépens des moines sans leur être d’aucune utilité ; mais depuis qu’on a adopté l’expression d’abbé commendataire, que n’auroient pas entendu l’abbé Antoine, l’abbé Pacôme, l’abbé Hilarion, l’abbé Benoît même, qui est venu après eux, & a trouvé les choses bien changées ; depuis cette époque, dis-je, abbé, a singuliérement signifié un personnage illustre qui reçoit, parce que le prince l’a voulu ainsi, 10,000, 20,000, 30,000, & même 50,000 livres de rentes pour manger, boire & dormir ; qui mange, boit & dort ; & qui, lorsqu’il s’en tient à ces seules fonctions, est dit de mœurs irréprochables.

Abbé, comme nom appellatif, désigne un homme habillé de noir, allant avec jaquette ou sans jaquette. Ce mot est joint à des noms si differens entr’eux, que je défierois Klin ou Brisson de classer cette espece d’individus, sur-tout lorsqu’on réfléchit qu’on peut dire l’abbé Bernis & l’abbé Roi, l’abbé Grég… & l’abbé M.… ; d’où il résulte qu’il y a des abbés dans toutes les