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guste vérité restée muette & inactive depuis tant de siecles.

Nota. Depuis la révolution, l’esprit de civisme avoit porté quelques abbés à substituer le catogan à la calotte, & le frac gris au frac brun. Mais le chapeau à haute forme n’étant pas celui à larges bords, il passoit un bout d’oreille[1]. Le costume n’a pu avoir lieu.

Abbé, dans la signification figurée d’abbé commendataire, a un féminin qui est abbesse. Voyez ce mot.

ABBESSE : dame qualifiée, qui est à la tête d’un couvent de filles. Il n’y a pas de ville en France où il y ait plus de couvents de filles qu’à Paris. La plupart ne sont point dotés. Les vierges y vivent du travail de leurs mains ; elles cherchent ou font chercher de l’ouvrage : elles s’occupent encore à former d’autres demoiselles. La dame abbesse & les anciennes donnent leurs soins à cette précieuse institution.

Le nouveau régime paroît favorable aux couvents de filles, avec d’autant plus de raison, que dans l’ancien régime ces maisons étoient exposées aux visites de l’officialité qui n’ont plus lieu.

ABUS : il n’est point de mot auquel la révolution ait fait subir une plus étrange métamorphose ; & ce que les François libres appellent aujourd’hui abus, l’ancien régime le nommoit droit. C’étoit un droit,

  1. Voyez la fable de l’âne vêtu de la peau du lion.