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Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/139

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Je pris terre aussitôt et, suivi de deux sénégalais et de mon boy, je me précipitai à sa poursuite.

Le sang que l’éléphant perdait en grande abondance nous guida. À peine avais-je fait deux cents mètres sur ces traces, qu’un bruit épouvantable d’arbres abattus et de branchages cassés se fit entendre.

L’éléphant revenait au grand trot vers la rivière. Brusquement je me jetai de côté et il passa près de moi, sans me voir.

Il balançait sa trompe furieusement à droite et à gauche, et secouait douloureusement sa tête saignante.

C’est là que nous le visions : de nombreuses balles de fusil Gras se logèrent dans son crâne, avant qu’il eût atteint la rivière.

Il s’y précipita et pendant que nous le fusillions encore du haut de la berge, il aspira longuement de l’eau dans sa trompe et en aspergea ses blessures.

Nous étions presque à bout de cartouches, l’animal résistait à la mort.

Vainement, il essaya de remonter sur la berge. Sa masse énorme vacilla sur ses jambes qui