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Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/210

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nègre et de targui, s’appelait Lahiti Nyam. C’était un pauvre homme dans toute la force du terme. Il avait été esclave chez les Ba-Hamou, esclave chez les Touareg, esclave chez les Soudaniens. Rendu on ne sait comment à la vie libre, il était aussi embarrassé de sa liberté que de sa longue personne maigre et indolente. Il fut le domestique de Ferdinand de Béhagle ; comme il n’était apte à rien, on ne lui demandait aucun service : il vivait dans la caravane à la grâce de Dieu, au jour-le-jour, comme il avait toujours vécu. Ayant séjourné chez des musulmans, il savait quelques versets du Livre : il avait une teinture d’islamisme ; après quoi, ses connaissances étaient aussi courtes que celles de tous ses congénères. Mais qu’avait-il besoin de connaître, puisqu’il se savait de race serve, puisqu’il se sentait destiné à être perpétuellement l’esclave, le serviteur d’autrui ! Une de ses anciennes conditions, celle de berger saharien, résumait à ses yeux toutes les félicités, tous les avantages qu’un pauvre diable tel que lui était en droit de rêver…

Ferdinand de Béhagle a recueilli les récits des aventures de son domestique : C’est là ce qu’il a publié dans la Revue de l’Islam, en 1895, sous le titre de ÂME D’ESCLAVE.

Nous avons trouvé ces pages si curieuses, si vécues,